Un entrepreneur à succès bien connu, maintenant à la retraite, m’a déjà dit :
« La loyauté en affaires, cela n’existe pas. Tu vas comprendre avec le temps qu’une majorité des gens sont prêts à vendre leur âme pour 50$ et oublier tout ce que tu auras fait pour eux dès que tu auras le dos tourné. Garde toujours une distance. »
Gros naïf que je suis et optimiste de nature, dans mon monde merveilleux de Disney, je n’y croyais pas trop.
À ma 16eannée comme entrepreneur, je comprends le message que voulait me passer cette personne. Il exagérait un peu mais finalement pas tant que cela.
J’aborde dans cet article, un sujet délicat dont on ne parle pas assez souvent, la mascarade du monde des affaires et comment survivre aux relations qui ne veulent que prendre de vous et qui ont peu à donner en retour.
Plusieurs athlètes ou vedettes réalisent à un jour au l’autre de leur carrière que lorsque les projecteurs ne sont plus braqués sur eux, ils perdent soudainement beaucoup de monde dans leur entourage.
Du jour au lendemain, plus personne ne vous appelle, on n’a plus le temps pour vous, vous devenez un « has-been » car vous perdez de la « puissance ».
En affaires, c’est un peu la même chose, lorsque tout roule et que vous représentez un bon potentiel, que vous abondez dans le sens de tout le monde, vous êtes un « leader inspirant », vous devenez un pôle d’attraction.
Qui cherche alors à se coller à vous lorsque vous avez le gros bout du bâton? Trop souvent des profiteurs aux talents naturels qui ne sont probablement même pas conscients de leurs actions.
Il faut admettre que malheureusement en business, les gens sont gentils et attentionnés avec vous, car vous leur rapportez sous une forme ou une autre.
Alors sachez que ce n’est pas parce qu’on vous fait un compliment que c’est réellement sincère. Attention pour ne pas tomber dans le piège.
J’ai été impliqué dans plusieurs organisations dans ma vie. Tu t’investis dans celles-ci, tu donnes sans compter, tu es extraordinaire.
Un jour, tu décides de quitter, on t’ignore, tu n’existes plus, tout ce que tu as accomplis est oublié comme par magie.
C’est un fait, lorsque certains ou certaines personnes ne peuvent plus rien tirer de vous, vous ne faites plus partie de la gang.
Le problème avec les relations artificielles, c’est qu’elles sont parfois difficiles à déceler.
Il est arrivé qu’un employé nous donne l’accolade la veille en disant à quel point notre compagnie est extraordinaire et nous bloque sur les réseaux sociaux le lendemain en quittant l’entreprise et déblatère.
Il faut savoir négocier avec cette réalité et surtout se protéger émotionnellement car l’imposture peut frapper à votre porte n’importe quand.
Il est clair que le manque de loyauté en plus de faire très mal, peut même rendre malade.
La poignée de main, cela vaut encore quelque chose en 2019?
En Beauce, ma région natale, lorsque tu regardes une personne dans les yeux et que tu lui donnes une bonne poignée de main en affaires, c’est pour la vie ou presque.
Jusqu’à l’an dernier, j’avais le même assureur depuis l’âge de 16 ans.
C’est trente-quatre années de confiance à mon courtier même si son bureau était à 300 kilomètres de mon domicile.
Mille fois j’aurais pu changer d’assureur, mais pourquoi briser cette relation d’affaires, humaine avant tout?
Est-ce que quelques dollars de moins sur une police d’assurance m’aurait rendu plus heureux? Non.
Ah oui, j’oubliais, c’est lui qui m’a quitté, pour la retraite, chanceux 🙂
Nous traversons une période de turbulence des bonnes manières.
Je ne sais pas si c’est la période du plein emploi que nous vivons ou que des entreprises roulent tellement bien qu’elles se croient invincibles, mais le respect dans la relation d’affaire est une valeur qui se perd depuis quelques années.
Au niveau de la communication, il semble y avoir une peur bleue du téléphone qui s’est installée. Tout est maintenant une affaire de texto et/ou courriels.
Plus de bonjour, pas de merci, de moins en moins de politesse dans les communications courriels, impatience, difficulté à avoir l’heure juste, pas de retour, il y a une détérioration de la qualité des relations.
Les règles de bienséance sont en train de disparaître. On veut tout, tout de suite maintenant ou bye, je m’en vais ailleurs. On te remplace en claquant des doigts.
Un prix sur une facture, c’est parfois seulement ce que nous sommes.
Des cas vécus, difficiles à vivre et surtout à comprendre.
En début d’année, j’avais mis toute ma confiance (erreur) en un sous-traitant dont la majorité de ses mandats provenait de notre entreprise. Je lui ai présenté un grand client de l’agence pour qu’il en prenne soin, il m’avait manifesté d’ailleurs le désir de s’en occuper avec amour.
Six mois plus tard, l’entreprise confiée à cette personne nous annonce la fin de notre association. Bizarre, les résultats étaient là, tout allait pourtant très bien.
En creusant un peu dans les jours suivants, je constate que le client a embauché directement le sous-traitant que je lui avais confié.
Ce n’est pas tout, il a littéralement copié nos pages de ventes et notre stratégie de marketing sur le Web.
Il y a des sacs du quart et des sacs du coeur.
L’an dernier, un client de notre entreprise depuis 2003, une équipe de football professionnelle, décide sans m’avertir au préalable, de solliciter individuellement les membres de notre équipe de production vidéo en catimini.
Objectif, embaucher directement les membres, question de sauver quelques dollars de frais de production par événement.
Au diable l’entreprise qui avait supporté l’organisation depuis presque deux décennies, qui n’avait jamais compté les heures, qui avait été un fier ambassadeur, toujours fidèle au poste et en mode garde à vous chef!
Merci et bonsoir, tu n’apportes plus rien au mandat, je te jette aux poubelles, comme un vulgaire moins-que-rien.
Le pire dans cette histoire.
Ma gang de production, des amis de longue date, à qui j’ai accordé ma pleine confiance aveugle dès la première heure, n’ont démontré aucune loyauté envers notre compagnie et a accepté presque sans broncher l’offre de cette organisation de nous éliminer de l’équation.
J’ai pardonné depuis, mais je n’oublierai jamais, c’est un tatouage au fer rouge en plein coeur.
Une petite dernière pour la route?
Chaque année depuis 15 ans, j’anime bénévolement un événement caritatif, un gros travail d’animation de près de 6 heures en plein samedi soir qui rapporte un grand montant pour une cause très noble avec des gens admirables.
Cette année, changement de formule de l’activité, on m’avise que mes services d’animateur ne sont plus requis. Jusque-là, tout va bien, c’est correct.
Je me dis alors dans ma tête, enfin je vais pouvoir y assister comme spectateur et j’imagine que l’on va m’inviter comme participant à la soirée, d’autant plus que je donne à la cause chaque année.
Et bien surprise, silence radio. Malgré toutes ces années, niet nada, je ne suis même pas invité par l’organisation. Je constate alors qu’une agence comme la mienne est maintenant partenaire de la soirée.
Merci d’avoir été là pendant 15 ans, next, au suivant s.v.p!
Tu as beau être un bénévole et aimer la cause, l’égo mange toute une claque.
Pour conclure.
Accordez plus de temps à ceux et celles qui le méritent, votre famille, vos ami(e)s, les vrais, et gardez une certaine distance avec les autres, n’accordez pas votre confiance trop rapidement et apprenez à dire non plus souvent.
Si vous vous reconnaissez dans mes propos, n’oubliez jamais votre « pourquoi » dans la vie et ne vous laissez pas aspirer par la spirale de la séduction des beaux parleurs.
La meilleure manière de faire sa place en affaires et de la conserver, c’est en étant loyal et authentique avec ses défauts et ses qualités.
Jouer le jeu, c’est mauvais pour la santé.
L’opportuniste et le manipulateur sont tôt ou tard démasqués.
Il est clair que le savoir-vivre et le respect, le monde des affaires en a réellement besoin.
Vous trouvez que je suis frustré? Vous avez raison, fatigué aussi mais je garde espoir 😉
Guy Bolduc est le fondateur de Agence B-367 et Wanos Formations. Passionné du Web et des réseaux sociaux, il est conférencier, formateur accrédité et il aide les entreprises dans ce domaine.
Auparavant, il a passé plus de 20 ans devant la caméra comme présentateur à TVA et Radio-Canada.