13 octobre 2020 – Que ce soit complotiste ou mouton, les deux mots sont obsolètes. Mettre tout le monde dans le même panier à ce stade-ci de la pandémie, c’est faire preuve d’étroitesse d’esprit, d’ignorance et c’est surtout alimenter la confrontation.
Je rédige ce billet grâce à un système d’exploitation Windows de Microsoft dont Bill Gates est le fondateur, j’ai hâte de découvrir la rapidité du 5G et pour avoir beaucoup voyagé, je confirme que la terre n’est pas plate, mais cela ne m’empêche pas de me poser de très sérieuses questions concernant la gestion de cette pandémie par nos gouvernements.
Suis-je donc un complotiste modéré, autonome et sans compensation ou un insoumis juste un peu docile, mais récupérable?
En plus de se sentir prisonnière des contraintes sanitaires, une partie de la population, certains médias et même des médecins sont toujours incapables de s’exprimer librement et de poser des questions, sous peine d’un jugement sévère ou de répercussions financières, ce n’est pas normal de jouer au contrôle de l’opinion.
Devant ces faits, j’ai décidé dans cet article, d’aborder les causes possibles de ce carnage en communication et voir si mon esprit est si pollué.
Il s’agit de ma perception de gars hybride et non reptilien, ayant professionnellement un pied dans les médias traditionnels et l’autre dans la communication sur le Web. .
Pourquoi en sommes-nous rendus là?
Depuis le printemps, les carences communicationnelles de gouvernement sautent aux yeux, pourtant vous conviendrez que tout avait bien débuté pour le gouvernement de François Legault.
Pas besoin d’être dans le secret des dieux pour constater une faiblesse au niveau des communications gouvernementales en ce temps de crise, juste à regarder les points de presse (répétitifs et toujours très alarmistes) pour découvrir une multitude de paradoxes, de petites actions ou paroles qui font toute la différence dans la compréhension du message par la population.
Comment se fait-il que sept mois après le début de la pandémie, le premier ministre parle pour la première fois de détresse psychologique, de santé mentale et du système de santé qui approche son point de rupture si les hospitalisations augmentent?
Pourquoi ne pas avoir abordé les nouvelles prises de position de l’OMS lors du point de presse de mardi?
Où sont les avis écrits de la santé publique concernant les mesures sanitaires restrictives?
Qui dort au gaz au département des communications? Bordel …
Priorité: Rassurer la population en temps de crise au lieu d’alarmer et d’infantiliser.
Force est de constater que François Legault, Horacio Arruda et les ministres n’ont pas encore « sauvé la famille » comme le disait Lucien Bouchard en parlant de la gestion de crise du verglas. Nous nous sommes éloignés rapidement de cette communication rassurante de 1998.
Avez-vous déjà vu le premier ministre Bouchard sourire pendant la crise du verglas lors d’un point de presse? Non, car la situation était grave et pourtant c’est encore pire en 2020 avec les décès, l’hécatombe dans les CHSLD, les fermetures d’entreprises, détresse psychologique, et j’en passe.
Au lieu de rassurer la population, nous assistons depuis mars à un feu roulant de « Au Loup, Au Loup », des dépenses de 10 millions de $ par mois dans 540 médias en placements publicitaire dans les différents médias pour des messages simplistes qui semblent venir droit du bec d’un perroquet et qui infantilisent la population, jamais de répit, la situation est toujours préoccupante, cela ne se calme jamais même quand c’est plus calme…
Il y a un moment où le cerveau disjoncte et n’écoute plus l’évidence, comme le supplice de la goutte d’eau.
Dire tout et son contraire depuis le début de la pandémie.
Dans la perception du message, le diable est aussi dans les détails ainsi pourquoi ne pas avoir expliqué les nombreux changements de direction avec minutie lors des points de presse? Le revirement du masque est un exemple.
Encore aujourd’hui, dans le même point de presse, j’ai entendu qu’en » temps Covid », 18 jours c’est long et que tout peut changer alors que 2 minutes plus tard, le premier ministre laisse entendre que nous en avons encore pour des mois avant de réduire les mesures et un semblant de vie normale.
Comme dirait l’autre, les boys, vous êtes durs à suivre en ta…
Résultat, il vient un moment où la population ne s’y retrouve plus, n’écoute plus, perd espoir et se tourne vers d’autres sources pour trouver des réponses et c’est là que le décrochage s’amorce.
Communiquer pour la population ou tenter de plaire aux médias.
Le gouvernement a fait son choix assez tôt dans la pandémie. Une population qui n’a pas ses réponses cherche ailleurs, encore plus depuis l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux.
Je ne doute pas un instant que le premier ministre Legault, Horacio Arruda et les autres ministres font leur possible, mais les « stratèges » autour d’eux sont déconnectés de certains aspects de la communication moderne, dont la psychologie des réseaux sociaux et les discussions qui y figurent.
Je lève mon chapeau pour les résumés graphiques des annonces gouvernementales, les directs sur Facebook ou Twitter, les story d’Instagram, etc., mais il faut aller plus loin dans la compréhension des types de personnalités qui composent une population qui n’est plus seulement rivée à son téléviseur.
Pas besoin de passer un test psychométrique à chaque personne au Québec pour comprendre qu’il faut s’y prendre de différentes façons pour passer son message efficacement.
Et les influenceurs « complotistes »?
Aujourd’hui, tout le monde peut devenir son propre média grâce à Internet et plus particulièrement avec les réseaux sociaux.
Que l’on soit pour ou contre, ignorer totalement et se moquer des influenceurs « complotistes » au lieu d’ouvrir une discussion ou juste d’essayer de comprendre ne fait qu’aggraver la situation et creuser la tranchée.
Si ces personnes attirent tant de visionnements, c’est qu’ils exercent un rôle de bouée de sauvetage en raison d’une communication déficiente.
Cela devrait sonner une cloche au gouvernement non?
Tenter de leur couper le signal ou leurs revenus ne fera que déplacer la conversation ailleurs et augmenter l’intensité des messages.
N’oublions jamais que tout n’est jamais noir, tout n’est jamais blanc lorsqu’il est question de perception vs la réalité.
Porter un masque, c’est cela la liberté! – François Legault
J’ai été marqué par cette citation tout comme certaines actions gouvernementales comme …
Le fabricant de « masques du jour » juste avant d’annoncer un bilan de décès quotidien.
Le directeur de la santé publique et son fameux « I will be a very bad boy ».
Les menaces pour des contraventions de 400$ à 6000$ pour les commerçants, les sous-entendus de fermetures, les policiers dans les maisons …
La diffusion de publicités avec des survivants de la Covid, mais absolument rien concernant le désastre socio-économique et détresse psychologique. Suicides, enfants maltraités, faillites, décrochage scolaire, dépressions, familles brisées, rêves brisés.
À quel endroit pouvons-nous trouver ces chiffres dans le bilan quotidien. On pourrait au moins en parler, expliquer, compatir?
Que dire de l’incohérence envers nos jeunes qui les empêchent de faire du sport?
Et j’en passe…
Combien de dérapages pour faire décrocher une population et briser sa confiance.
Oui, la peur génère la peur et la méfiance de la population, on ne peut pas en vouloir à personne de se poser des questions parfois bien légitimes sur des incohérences trop souvent non justifiées.
Les médias et les barils d’huile sur le feu.
L’été dernier, j’écoutais Madame Lise Ravary, dans une chronique au 98.5 dire que les médias d’actualités doivent se remettre en question pour mieux connecter avec la population. J’applaudissais dans ma voiture.
Lorsque je pratiquais ce métier, l’utilisation du conditionnel dans une manchette était absolument à proscrire pour un journaliste, mais les temps ont changé.
Les grands titres et le côté alarmiste de nos médias d’actualités « mainstream » me dégoutte dans cette pandémie. Regardez les bilans quotidiens pour comprendre, peu importe, les chiffres, jamais d’espoir, la peur domine, la peur toujours.
Que dire du traitement réservé au policier « complotiste » qui a manifesté un désaccord avec ce que la profession lui imposait.
Sur le Web, je suis déçu des médias qui se prostituent pour obtenir un maximum de clics sur leurs publications au détriment de l’objectivité de la nouvelle.
À force de crier eux aussi « Au Loup, Au Loup », lorsque le loup sera véritablement là, plus personne ne va y croire. L’extraction du négatif et de la peur sont payantes pour avoir un auditoire captif mais c’est une méthode dangereuse car à la finale la population n’est pas dupe.
Bref, il est triste d’être rendu à devoir « vendre » la nouvelle. Je n’ai jamais été aussi inquiet pour le métier que j’ai pratiqué avec passion pendant 20 ans. Il y a encore tellement de bon monde dans cette profession.
En conclusion
Les « complotistes » comme plusieurs les appellent, représentent maintenant une partie grandissante de la population silencieuse avec laquelle, il faut commencer à rétablir le contact au plus vite. Pour la plupart, ces gens n’en ont rien à cirer du 5G, de Bill Gates, des reptiliens, de QAnon et j’en passe. Ce sont simplement des pères et mères de famille qui veulent mieux comprendre la situation car leur vie est directement impactée.
Être davantage à l’écoute de la population, ouvrir le débat au lieu de stigmatiser serait un premier pas pour regagner la confiance de ceux et celles qui n’adhèrent pas totalement à tout ce qui nous est imposé.
Répondre aux questions, dédramatiser, expliquer, éduquer, encore et encore.
Il n’est jamais trop tard pour mieux faire, si la volonté est là, de chaque côté.
C’est en se parlant et surtout en écoutant que nous arriverons à nous comprendre.
Je garde espoir d’avoir des réponses aux vraies questions car nous naviguons dans le brouillard.
À bon entendeur.
Guy Bolduc est le fondateur de Agence B-367 et Wanos Formations. Passionné du Web et des réseaux sociaux, il est conférencier, formateur accrédité et il aide les entreprises dans ce domaine. Auparavant, il a passé plus de 20 ans devant la caméra comme présentateur à TVA et Radio-Canada.
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