Comme je le mentionnais dans un article la semaine dernière, le monde change, les gens sont plus informés grâce à Internet et ils en veulent davantage.
Cette semaine, j’ai décidé de vous parler de la couverture médiatique sportive au Québec qui tourne en rond, figée dans le temps, déconnectée du reste de la planète.
Montréal est une ville internationale, ouverte sur le monde, mais encore trop fermée dans la diversité de la couverture sportive de fond pour les sports pratiqués à l’extérieur de ses frontières.
D’ailleurs, si vous vous considérez comme un amateur de sports et ne connaissez pas au moins 50% des athlètes internationaux les plus connus à travers le monde qui figurent sur cette liste TOP 100 de ESPN de 2018, posez-vous de sérieuses questions.
Sachez en passant qu’aucun joueur de hockey n’y figure, oh sacrilège!
C’est quoi le problème?
Au Québec, la couverture sportive des grands médias est toujours et encore dirigée par un «boys club» figé dans la nostalgie des années glorieuses du Canadien des années 70 et des conquêtes de 1986 et 1993.
Un «boys club» qui joue la trappe dans sa façon de faire, car le hockey, c’est pas mal tout ce qui l’intéresse et l’erreur, c’est qu’il croit que toute la population pense comme lui. La majorité des décideurs ne connaissent rien dans bien des sports et une culture sportive pauvre a un impact majeur sur la visibilité des nos jeunes athlètes et leurs performances.
Je l’ai déjà entendu souvent, on veut des cotes d’écoute, pis le Canadien ça vend et parler trop des autres, c’est un risque, cela segmente l’auditoire, les gens vont aller ailleurs.
En d’autres termes, on ne veut pas prendre de chances, on ne réfléchit plus. C’est un peu comme vivre dans un dôme qui garde les amateurs de sports dans l’ignorance par peur qu’ils se tournent vers d’autres choses.
Le rôle des médias sportifs est d’informer et d’éduquer.
Il faut savoir que de parler d’un sport, ce n’est pas seulement donner un résultat, il faut éduquer, analyser avec objectivité et je ne parle pas ici de se pencher sur la pertinente composition du 4e trio.
L’objectivité des médias en a pris pour son rhume depuis quelques années. Je peux compter sur les doigts d’une main, les journalistes sportifs qui n’hésitent pas à faire leur travail sans filtre et dire tout haut ce qu’ils pensent, sans avoir peur d’écorcher qui que ce soit.
Sachez d’ailleurs que ce qui est vrai en politique avec le positionnement bien affiché des médias à gauche ou à droite, l’est aussi pour le penchant sportif favorable quand tu possèdes des droits de télé ou radio.
J’ai beau faire des recherches sur Google dans les archives d’actualités, je ne trouve aucun article ou reportage bien croustillant et dénonciateur qui touche l’équipe de hockey du Canadien de Montréal malgré les déboires des 2-3 dernières années.
Personne ne s’est encore levé pour dénoncer haut et fort, les abus du prix à payer pour un amateur qui passe une soirée au Centre Bell ou planter avec vigueur Gary Bettman et les propriétaires dans leur arnaque face au groupe de Québec.
Un manque de variété sportive neuf mois par année.
Consacrer des heures à la radio à parler de hockey lorsqu’il fait 30 degrés en plein été, voir des dizaines de journalistes se grimper dessus et faire déplacer une armée de camions satellites sur un terrain de golf pour interviewer un joueur de hockey qui n’a pas encore donné un coup de patin à sa saison. Les exemples ne manquent pas pour illustrer le profond déséquilibre.
Cela revient chaque année, un peu comme le reportage obligé de la première tempête de neige qu’on nous présente année après année pour rappeler au bon peuple, les rigueurs de l’hiver.
Tant qu’a être dans le vif du sujet, la visibilité de nos athlètes amateurs, élevés au rang de modèles durant deux semaines pendant les JO, pourquoi sont-ils ensuite renvoyés dans l’ombre pendant 3 ans? Il n’y a pas de logique dans cette façon de traiter la nouvelle.
Le facteur de l’importance de la nouvelle pour établir l’ordre de priorité d’un bulletin est à revoir mais je dois tout de même souligner les efforts de Radio-Canada pour nous en parler un peu plus que les autres.
Quand les animateurs de radio ou de télé ne connaissent véritablement qu’un sport, c’est difficile d’échanger sur les autres. Quand cela sonne faux en ondes, cela paraît et ça coupe court les interventions.
Les décideurs des salles de nouvelles ciblent d’ailleurs beaucoup trop les « mon oncle » comme moi et négligent d’aller séduire la relève et les femmes.
En août dernier, j’entendais une radio sportive faire la promotion de ses têtes d’affiche pour l’automne et dans sa promo, elle nommait une douzaine de spécialistes, mais pas une seule femme.
Tu établis les coûts de ta pub avec une quantité d’auditeurs, mais tu négliges la clientèle féminine dans une ville comme Montréal. Comme si faire une place aux femmes allait faire fuir les hommes.
Cela me laisse pantois …
Tu peux-tu? Tu veux-tu? Sétu? Sta cause!
On veut faire proche du peuple … mais pourquoi, lorsqu’il est question de sport, ce n’est pas grave de maltraiter la qualité de notre langue?
Est-ce si compliqué de dire de c’est grâce à au lieu de c’est à cause de ?
« Je vous souhaite une bonne après-midi sur nos ondes … » je l’ai entendu combien de fois l’été dernier.
Ici, je ne veux pas généraliser, car j’admire plusieurs animateurs qui jouent leurs personnages à merveille, mais trop souvent, la qualité des interventions fait mal aux oreilles, particulièrement chez les anciens joueurs reconvertis. Ces derniers semblent toutefois bénéficier d’une immunité difficile à comprendre.
Comme je l’ai lu dans un article récemment qui rendait hommage à Monsieur Pierre Dufault: « Aujourd’hui, on embauche d’abord que le gars ait une réputation. Il peut dire n’importe quoi dans un français misérable et avec une voix épouvantable, ce n’est pas grave …»
Les réseaux sociaux et les podcasts à la rescousse des orphelins de contenus.
Devant le flagrant manque d’intérêt des médias pour le soccer et l’Impact de Montréal, lors de leur entrée en MLS en 2012, les fans ont créé le mot-clic #IMFC sur Twitter. C’est devenu un véritable média qui est toujours très populaire aujourd’hui.
Il y a de plus en plus de podcasts sportifs de qualité qui voient le jour et qui réussissent à combler des fans car la relève veut une information et des échanges différents. Des podcasts indépendants produits par des connaisseurs et passionnés qui méritent d’être davantage connus.
D’ailleurs, si vous voulez entendre de nouvelles voix, voici des liens (n’hésitez pas à m’en faire parvenir) :
Dans le bon vieux temps, cela se passait de même.
Pour conclure, j’ai été élevé avec les émissions de lignes ouvertes sportives de la radio AM avec Marc Simoneau à la radio de Québec. Je n’en ratais jamais une, surtout lorsque les « méchants » animateurs montréalais de CKVL et CJMS et les bons de Québec, se fusionnaient pour les matchs entre le Canadien et les Nordiques. Tom Lapointe, Richard Morency et Pierre Trudel me donnaient des boutons, mais je les aimais bien pareils, c’était des idoles.
Plus jamais nous ne revivrons pareille rivalité même si les Nordiques reviennent un jour car le monde a changé, il faut tourner la page et surtout s’ajuster et évoluer avec la nouvelle génération d’amateurs de sports, plus ouverts sur le monde.
Guy Bolduc est le fondateur de Agence B-367 et Wanos Formations. Passionné du Web et des réseaux sociaux, il est conférencier, formateur accrédité et il aide les entreprises dans ce domaine. Auparavant, il a passé plus de 20 ans devant la caméra comme présentateur à TVA et Radio-Canada.
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