Le 16 août 2021, nous quittons le Québec en famille vers l’Europe pour amorcer une aventure, celle de vivre intensément pendant une année la culture espagnole. Treize mois plus tard, nous y sommes toujours, le retour dans la belle province ayant été remis à une date ultérieure.
La réflexion s’amorce en février 2021 puis se confirme le 7 mars, il fait froid, nous marchons dans le secteur du Parlement de Québec avec des milliers d’autres familles de jeunes sportifs pour réclamer la reprise des sports, c’est la première fois de notre vie que nous participons à une forme de manifestation.
En tant que parents, nous sommes inquiets pour nos adolescents, nous ne croyons plus aux nombreuses fausses lumières au bout du tunnel annoncées par le gouvernement en place, nous constatons par nos amis en Europe et aux États-Unis que peu d’endroits dans le monde sont aussi stricts face aux activités sportives et aux mesures en générale, nous en avons vraiment ras le bol, c’est le moment de faire quelque chose.
Transformer un problème en une opportunité.
Deux choix s’offrent à nous, se faire du mauvais sang ou encore trouver des solutions pour se sortir de cette situation.
Ayant amorcé en janvier 2020, juste avant la pandémie, une importante transformation de notre entreprise vers le télétravail (voir ce billet), il n’en fallait pas plus pour armer un nouveau détonateur de changements.
Adeptes des voyages, l’idée de quitter vers de nouveaux cieux temporaires, le temps de laisser passer la tempête, est la solution la plus envisageable.
Mais où aller? Dans l’Ouest canadien, aux États-Unis ou l’Europe?
Et notre nouvelle maison fraîchement rénovée, on fait quoi avec, qui s’en occupe pendant une année?
L’option de la location s’avère la plus rentable, deux semaines de « petites annonces » plus tard, nous signons un bail avec une adorable famille française qui planifie de s’installer en Beauce, nos meubles, notre vaisselle, notre véhicule font des heureux, nous ne pouvons plus retourner en arrière, c’est excitant en TABAROUETTE!
Et le gagnant est …
Pour plusieurs raisons, c’est l’Espagne qui remporte la palme de la destination de notre nouvelle vie et c’est la ville de Valencia située sur bord de la méditerranée qui offre tout ce que nous recherchons pour la famille, pour le télétravail, son offre culturelle et festive, le climat (320 jours de soleil en moyenne par année), les grands espaces verts (Jardins de Turia) et le très faible taux de criminalité pour une grande ville, la 3ème en importance après Madrid et Barcelone.
Voir : Valencia, l’une des meilleures villes du monde pour le télétravail
Voir : Valence élue meilleure destination du monde en 2022 par CNN
Voir : Valence élue ville la plus saine du monde en 2022
Un véritable « reset » de nos paramètres de vie
Découvrir un nouveau pays, apprendre une nouvelle langue de zéro, magasiner un nouveau domicile, des meubles, des électros, trouver des écoles et homologuer les niveaux scolaires du Québec, intégrer des équipes de soccer pour nos ados, connaître un nouveau quartier, les commerces, dans une nouvelle ville avec peu de contacts sur place. Que d’adaptation, de questionnements et d’aventures pour notre famille arrivée à Valencia en début de soirée du 1er septembre 2021 en pleine célébration des traditionnelles Fallas, sans même être capable de trouver un stationnement avec notre petit VUS acheté en vitesse la semaine précédente en France, chargé de bagages, d’ordinateurs, d’effets personnels et de notre petit chien Pirlo, un carlin de 3 ans.
S’imprégner dans la nouvelle culture
Il y a une grande différence entre voir un pays en vacances pendant deux semaines et y vivre à plein temps. Il est selon notre expérience, important de faire un repérage avant de plier bagage, sortir des endroits touristiques pour goûter réellement au milieu de vie.
Cette décision doit être mûrement réfléchie pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Il faut se laisser une chance de découvrir, des mois sont parfois nécessaires avant de trouver ses repères.
Question immigration, il faut évaluer ses options et la durée désirée. Un visa touriste de 3 mois, c’est facile. Si vous envisagez un plus long séjour, il faut absolument voir avec le consulat du pays que vous choisissez et apprendre toutes les règles et requis pour éviter de très mauvaises surprises.
Les conditions pour résider en Espagne
En Espagne, il y a l’option du visa à but non lucratif qui permet à un Canadien d’y vivre pendant un an, de faire du télétravail ou profiter de la retraite. Il faut prouver que vous avez les fonds nécessaires pour assurer votre subsistance soit autour de 35 000$ canadien sur un compte bancaire, des assurances médicales etc. Il y a beaucoup de bonnes informations sur Internet, mais aussi des organisations qui offrent leurs services pour vous aider à obtenir un visa, attention à ces firmes qui peuvent parfois coûter cher pour prendre un rendez-vous que vous auriez pu prendre vous-même.
Nous conseillons toujours de communiquer avec le Consulat espagnol de votre pays d’origine pour toutes informations concernant des séjours de plus de 90 jours selon les situations.
Dans notre cas précis, notre double nationalité (Canada-France) facilite les démarches puisque l’Espagne est un des 26 pays européens, membres de l’espace Schengen, nous pouvons donc y rester sans nous soucier d’avoir un visa.
En revanche, il faut tout de même obtenir certains documents de résidences dont le fameux « NIE » blanc temporaire de 3 mois (Número de Identidad de Extranjero) qui permet d’ouvrir un compte bancaire, avoir un abonnement de cellulaire, s’inscrire dans un gym, acheter des billets, louer un appartement, inscrire les enfants à l’école et bien d’autres utilités. Pour l’obtenir, il est difficile d’avoir un rendez-vous sur Internet, cela se passe dans un commissariat de police. Pour obtenir le NIE il faut remplir 3 conditions, ne pas être en situation irrégulière en Espagne, que la demande soit sollicitée pour motif : économique, professionnel ou social et que l’on explique pourquoi l’on veut obtenir le NIE.
Si vous n’avez pas une nationalité Européenne et que vous désirez demeurer en Espagne, il faudra obtenir le TIE (Tarjeta de Identidad de Extranjero) une carte d’identité d’étranger qui démontre que vous avez le droit légal de rester dans le pays.
Ensuite, si vous désirez y travailler et que vous êtes dans notre situation nationalité européenne, demander le « certificado de registro de ciudadano de la union » une carte verte incontournable pour avoir l’esprit en paix et rester dans le pays aussi longtemps que voulu.
Je pourrais également citer le Padron (Certificat d’Empadronamiento) document important (une sorte de recensement) qui prouve votre résidence et celle des membres de votre famille pour les villes d’Espagne et qui permet de demander un «documento de inclusion en SIP», une carte qui permet à son titulaire d’accéder au système de santé espagnol en assignant une clinique de quartier. Si vous ne cotisez pas aux impôts espagnols, vous devrez avoir une assurance santé privée pour couvrir vos soins médicaux, ce qui n’est pas exorbitant selon notre expérience. Aussi, pensez à faire traduire vos actes de naissance en Espagnol ou tout documents pertinents par un traducteur assermenté en Espagne.
Débarquer dans un nouveau pays, c’est apprendre sa langue et ses habitudes.
Cours d’espagnol en famille, nous en avons fait pendant trois mois avant de partir, mieux que rien, une base pour nous débrouiller à notre arrivée.
Et maintenant après une année, nous pouvons dire, hablamos español, nous comprenons assez bien, nous parlons de mieux en mieux, nos adolescents trempés à l’école sont souvent nos traducteurs, ils apprennent à vitesse grand V avec leurs nouveaux amis.
Les repas en Espagne, on adore.
- El desayuno (petit-déjeuner) – avant 9h …
- L’Almuerzo (sandwich et bière ou café en terrasse) – vers 10h30
- La comida (dîner) – entre 14h et 16h …
- La merienda (goûter) – Une fois le déjeuner terminé.
- La cena (souper) – pas avant 21h.
Le coût de la vie
En Espagne, tu paies l’eau selon ta consommation. Le gaz et l’électricité sont dispendieux. Le prix des maisons, appartements ou condos est semblable mais les taxes foncières sont ridiculement basses. La « luz » (électricité) est beaucoup plus coûteuse qu’au Québec, il faut faire attention à sa consommation. En revanche, l’épicerie et les restaurants (pourboire inclus dans la facture) coûtent beaucoup moins que dans la belle province. Manger en terrasse, c’est souvent moins de 60 euros pour 4 personnes. Pour nous, malgré l’inflation et le taux de change euro vs dollar canadien, nous avons réduit d’environ 30% notre budget de dépenses dans une année pour 4 personnes.
Sur les routes en Espagne
Rouler en Espagne demande une adaptation importante particulièrement dans les villes, les routes sont plus petites, les véhicules sont plus rapprochés, il faut apprendre à danser dans les ronds-points à 5-7-9 voies, les piétons, les vélos, les trottinettes, les mobylettes, les motos qui dépassent par la gauche ou la droite, j’en ai eu pour 6 mois à comprendre cette méthode de conduite qui n’est pas enseignée dans les livres. Je vous parlerai dans un prochain article de l’achat d’un véhicule en Europe et de la reconnaissance de notre dossier de conduite du Québec pour les assureurs, un chemin de croix.
Les belles surprises de l’année
Notre fille Roxanne excelle au soccer (futbol), grâce à un contact sportif devenu un ami que nous avions à Valencia, elle a été en mesure d’intégrer un club l’an dernier, de jouer une saison puis d’obtenir un essai avec succès à la fin de l’année avec le grand club de Levante UD. Cette année, elle grandit dans l’organisation en route vers une carrière professionnelle.
Voir : Roxanne Bolduc et sa famille au pays du soccer
Puis notre fils Émile, grand sportif et excellent à l’école, il a été accepté dans un Collège Britanique réputé de la région de Valencia, parfait pour ses intérêts marqués en finances et technologie.
Quand les ados sont heureux, la vie est toujours plus belle pour les parents. Nous venons de passer l’année la plus captivante de notre vie, un coup de jeunesse pour le début de notre cinquantaine.
En conclusion
J’ai longtemps hésité à rédiger cet article, car je voulais avoir un certain recul avant de vous présenter les grandes lignes d’une telle expérience. Il y a tellement de sujets à partager en passant par notre structure de télétravail, les outils technologiques que nous utilisons, l’entrepreneuriat en Espagne, l’attitude des espagnols dans le quotidien, le transfert international pour les jeunes joueurs de soccer etc.
Si vous aspirez à vivre une aventure similaire, je vous invite d’abord à faire l’inventaire de ce qui vous attache à votre milieu de vie actuel.
En tant que Nord-Américains, nous sommes enracinés à bien des choses matérielles qui freinent ce type d’expérience et augmentent nos peurs de passer à l’action. Baux, hypothèque, prêts-autos, contrats de téléphone, câble, abonnements à toutes sortes de choses, acheter maintenant et payer plus tard, il a fallu des mois pour se libérer de ces abonnements et contrats qui nous emprisonnent dans notre routine de vie.
Si nous y sommes arrivés, vous le pouvez aussi.
Sans l’action, les rêves ne sont que des projets !
Voir : 10 choses à faire absolument à Valencia
Voir : Expat Valencia, excellent site de références
¡Hasta la próxima!
Guy Bolduc
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